Et Zeus murmure à l'oreille des hommes au sanctuaire de Dodone...

Niché au cœur d’une vallée verdoyante en Epire, le site archéologique de Dodone (aussi appelé Dodoni) est l’un des plus anciens de Grèce. Ce sanctuaire, dédié à Zeus et à la déesse-mère Dioné, était célèbre pour son oracle. En effet, les prêtres interprétaient le bruissement des feuilles de chêne pour délivrer des prophéties. Partons donc ensemble à la découverte de ce lieu sacré et de ces vestiges de temples, théâtres et autres bâtiments sacrés. Un voyage dans le temps où se mêlent histoire, mythologie et nature.

Où se trouve le site archéologique de Dodone ?

En sortant de la ville de Ioannina par la route d’Arta, on arrive après 21 km au site de l’ancienne Dodone, en laissant à droite la route pour le village actuel de Dodone. Le site archéologique de Dodoni se situe dans une vallée étroite aux pieds de la montagne Tomaros, à une altitude de 600 mètres. Point Google Maps.

Quelques informations pratiques pour visiter le site de Dodone

Tarifs : Plein tarif 8€, tarif réduit 4€

Horaires : Ouvert de 8h30 jusqu’à 18h à 20h en fonction de la saison.

Plus d’infos sur le site officiel du Ministère de la culture et des sports.

La Mythologie à l’origine du sanctuaire de Dodone

Le sanctuaire de Dodone est l’oracle le plus ancien de Grèce. Selon Hérodote, deux colombes noires sont parties de Thèbes en Égypte. L’une est arrivée en Libye, où fut alors construit le sanctuaire de Zeus Ammon. L’autre s’est posée sur un chêne à Dodone et a ainsi suggéré aux hommes de fonder un sanctuaire en l’honneur de Zeus, chef des dieux olympiens. À l’origine, l’oracle de Dodone était en plein air et dédié à la déesse Gaia, déesse de la fertilité. Les prêtres ont ensuite construit un sanctuaire au pied de la colline, où les fidèles venaient demander des oracles sur le présent et l’avenir.

Les oracles étaient donc délivrés par le chêne sacré (« phigos »), considéré comme la demeure de Zeus. Les fidèles écrivaient leurs questions sur des tablettes de plomb. On en a d’ailleurs retrouvé environ 2 500. Ces questions portaient sur le commerce, la santé, le mariage, etc., offrant ainsi un témoignage précieux sur la politique, le mode de vie et les croyances religieuses depuis la période préclassique jusqu’à la période hellénistique.

Les prêtres interprétaient ensuite les messages de Zeus à travers le bruissement des feuilles du chêne, le gazouillement des oiseaux et les chaudrons en bronze qui résonnaient lorsqu’ils s’entrechoquaient. Les prophètes de Zeus, appelés Selles ou Helles, couchaient à même le sol et marchaient pieds nus pour ainsi mieux capter les messages de la terre.

Le culte de « Zeus de Dodone » fut instauré donc en Épire au deuxième millénaire avant JC, fusionnant avec le culte préexistant de la Grande Déesse de la fertilité, renommée Dione. Le chêne était ainsi leur demeure commune, représentée sur des monnaies et des bijoux antiques. Les prêtresses de Dione, appelées Péléiades, étaient nommées d’après les colombes noires et ont raconté cette histoire à Hérodote.

Dodone est également mentionnée dans les poèmes d’Homère, attestant de son importance ancienne.

Le site de Dodone dans l’histoire

Les premiers témoignages sur l’existence de l’oracle de Dodone remontent à environ 2600 avant JC, en faisant probablement l’oracle le plus ancien de la Grèce. Initialement, l’oracle se passait donc en plein air, autour du chêne sacré. Selon Pausanias, les prêtres chantaient autour du chêne pour obtenir des réponses.

À la fin du 5ème siècle av. J.-C., un petit temple fut donc construit pour abriter les offrandes des fidèles. Sous le règne du roi Pyrrhus (312-272 av. J.-C.), Dodone prospéra encore avec la construction de portiques, du Bouleuterion, du Prytanée et d’un théâtre, devenant ainsi la capitale de l’Épire. Alexandre le Grand fit d’importants dons à Dodone, comme il le fit aux oracles de Delphes et de Délos.

Le temple fut détruit pendant les guerres des ligues étolienne et achéenne (219 av. J.-C.), puis reconstruit et à nouveau incendié par les Romains en 168-167 av. J.-C. Dodone devint ensuite le siège d’un évêché, avec des évêques présents aux conciles des 5ème et 6ème siècles. Le site fut abandonné après des invasions barbares au début du 7ème siècle.

Sous le règne de Théodose Ier en 391 ap. J.-C., le chêne sacré fut abattu. Le chêne replanté par la suite ne « murmurait » plus comme son prédécesseur, mais il est dit qu’il pleure parfois sous la pluie.

Sanctuaire de Dodone : quels monuments visiter ?

Légende :

Pendant de nombreux siècles, le culte de Zeus s’est donc déroulé en plein air. Ce n’est qu’à la fin du IVe siècle et au cours du IIIe siècle avant JC que l’on y construit des édifices. Les vestiges de ces monuments sont encore visibles aujourd’hui. Ainsi, le site archéologique de Dodone comprend le sanctuaire de Zeus et l’acropole. Le sanctuaire se situe au pied de la colline, une enceinte l’entoure. Tandis que l’acropole occupe le sommet de la colline.

1 – Le Théâtre antique (n°2 sur le plan)

Un des plus grands et mieux conservés théâtres grecs, pouvant accueillir environ 18 000 spectateurs. Construit au 3ème siècle av. J.-C. par Pyrrhus, il comportait six tours renforçant sa façade monumentale. Après sa destruction par les Étoliennes, Philippe V le reconstruisit avec des structures en pierre.

Le théâtre servit ensuite d’arène pour les combats de gladiateurs et les chasses d’animaux sauvages, nécessitant l’enlèvement des cinq rangs inférieurs de gradins. Il accueillait des concours théâtraux lors du festival des Naia en l’honneur de Zeus Naios. Aujourd’hui, après restauration, des pièces de théâtre y sont présentées chaque année lors du festival de Dodone.

2 – Le Stade (n°3 sur le plan)

Le stade antique de Dodone se trouve juste à côté du théâtre. Fondé après la destruction du sanctuaire par les Étoliennes en 219 av. J.-C., il est étroitement ainsi lié au théâtre. Le stade est un des rares de l’Antiquité à avoir des sièges en pierre, répartis en 21 ou 22 rangées. Un caniveau en pierre, alimenté en eau fraîche par une source de la montagne Tomaros, permettait ainsi aux athlètes et spectateurs de se rafraîchir.

3 – Le Bouleuterion (Parlement) (n°4 sur le plan)

C’est un des édifices les plus importants de Dodone, où siégeaient les bouleutes (députés). Mesurant 43,60m x 32,35m avec un portique dorique, il date de la fin du 4ème ou début du 3ème siècle av. J.-C. On a d’ailleurs retrouvé à l’intérieur un autel dédié à Zeus Naios, où les bouleutes prêtaient serment. Le Bouleuterion a fonctionné jusqu’au temps d’Auguste.

4 – Le Prytanée (n°6 et 7 sur le plan)

Il s’agit d’un édifice quadrangulaire entouré de colonnes, utilisé pour l’administration. Situé à l’est du théâtre et au sud du Bouleuterion, il date de la même période que ce dernier. Il abritait donc des magistrats. Détruit par les Étoliennes en 219 av. J.-C., il fut ensuite incendié par les Romains.

5 – La Maison Sacrée ou temple de Zeus (n°11 sur le plan)

Un petit édifice d’importance majeure qui entoure le chêne divinatoire. Jusqu’au début du 4ème siècle av. J.-C., le culte de Zeus se faisait en plein air. Le temple construit au 4ème siècle av. J.-C. abritait les offrandes. Plus tard, un ex-voto des Corcyréens représentait un garçon en bronze frappant un chaudron, produisant un son interprété par les prêtres.

6 – Le Temple de Dione (n°12 et 13 sur le plan)

Un temple important dédié à Dione, la mère d’Aphrodite selon la mythologie. Après l’incendie du premier temple en 219 av. J.-C., un autre temple ionique fut construit. La base de la statue de Dione est encore conservée.

7 – Le Temple de Thémis (n°10 sur le plan)

Un des rares temples autour du chêne sacré de Zeus, dédié à Thémis, épouse de Zeus. Son culte, répandu en Épire, succéda ainsi à celui de Gaia. Une inscription en plomb trouvée dans le portique du Bouleuterion mentionne Thémis avec Zeus et Dione. Les fondations d’un grand autel se trouvent également devant le temple.

8 – L’Enceinte (n°1 sur le plan)

Une grande enceinte entourait le théâtre et le sanctuaire. Ce mur de fortification comprenaient des tours rectangulaires et 3 portes. L’une d’elle communiquait directement avec le théâtre et le sanctuaire, tandis qu’une autre donnait sur la plaine de Ioannina. Sur l’acropole au nord, une porte flanquée de deux tours et un escalier menaient au rempart. Une basilique du 6ème siècle se dressait en partie sur les fondations du temple d’Héraclès (n°16 sur le plan).

9 – L’Acropole (n°1 sur le plan)

Sur la colline au nord du sanctuaire, on retrouve l’Acropole de Dodone, entourée d’un imposant mur de fortification construit au IVème siècle avant JC. L’Acropole de Dodone servait ainsi de résidence aux autorités de Dodoni. En cas de danger, elle offrait également un refuge sûr aux habitants. Les vestiges d’un système d’approvisionnement en eau, comprenant une citerne souterraine, témoignent aussi de l’ingéniosité des bâtisseurs.

Source : odysseum.eduscol.education.fr

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Les ruines de Dodone nous rappellent ainsi l’importance que les oracles jouaient dans la vie des Grecs. En consultant les dieux, les hommes cherchaient des réponses à leurs questions et des conseils pour l’avenir. A travers ses ruines et les artefacts découverts sur le site, Dodone reste un témoignage de la vie religieuse, culturelle et politique de l’Antiquité grecque. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces pratiques divinatoires et sur le rôle des oracles dans la société antique, n’hésitez pas à consulter nos autres articles consacrés à Delphes, Delos et d’autres sites archéologiques majeurs.

Céline P.