Tout savoir sur les églises byzantines : architecture et coutumes

Eglises byzantines architecture
L'église de Panaghia Gorgoépikoos © Evi S.

La Grèce est un pays très attaché à ses traditions et à sa religion. Une grande partie de la population est pratiquante et les églises sont des lieux très respectés. Certaines d’entre elles sont également des monuments historiques remarquables. Voici quelques clés pour comprendre l’architecture et le fonctionnement des églises byzantines.

Se repérer dans l’église

Comme presque toutes les églises chrétiennes, les églises orthodoxes sont construites sur l’axe est-ouest, le chœur étant toujours orienté vers l’est. Contrairement à une idée reçue, cette orientation n’a rien à voir avec Jérusalem. L’est, le point cardinal où le soleil se lève, symbolise pour les chrétiens la lumière du Christ et la résurrection.
L’intérieur d’une église byzantine est constitué de trois parties :

Mode d’emploi d’une église orthodoxe

  • Le narthex (νάρθηκας), une sorte d’entrée, un espace intermédiaire entre le profane et le sacré. Auparavant c’était l’endroit où se tenaient les pénitents, les possédés, les catéchumènes (personnes pas encore baptisées).
  • L’église principale (κυρίως ναός), l’équivalent de la nef en français. C’est l’endroit où se tiennent les fidèles. C’est aussi la partie la plus décorée de l’église, puisque le symbolisme de l’iconographie s’adresse aux personnes qui assistent à la messe.
  • Le chœur (ιερό βήμα), la partie sacrée de l’église. Seuls les prêtres ont droit d’y pénétrer ! Le fond du chœur est généralement constitué de trois absides. Le chœur est séparé de l’église par une construction en bois sculpté et décorée d’icônes. Cette pièce en bois est appelée iconostase ou templo (εικονοστάσιο ou τέμπλο). Il comporte trois portes, deux portes latérales et une entrée centrale, plus imposante, appelée Belle Porte. A sa droite figure l’icône du Christ adulte puis celle de saint Jean-Baptiste. A gauche de la porte se trouve l’icône de la Vierge (Panagia) et encore plus à gauche celle du saint à qui l’église est dédiée. Ainsi on peut à tout moment savoir dans quelle église on se trouve. L’iconostase marque la limite entre le monde profane et le lieu mystique où se prépare l’Eucharistie, à l’abri des regards des hommes.
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Pour entrer dans une église grecque, une tenue « correcte » est exigée : pas de short, pas de débardeur, même quand on est touriste ! Dans les monastères, on prête des jupes et des chemises à porter sur ses vêtements, lorsque ceux-ci sont jugés inconvenants.

En entrant dans l’église, les fidèles font le signe de la croix mais à la façon orthodoxe : les 3 doigts (pouce, index, majeur) réunis, sur le front, sur le buste, puis à droite et enfin à gauche.

Par la suite, on prend un cierge sur le comptoir d’entrée. On insère une pièce dans la fente prévue à cet effet. Généralement il n’y a pas de somme précise indiquée, 2 euros est une offrande correcte pour un cierge.
On allume le cierge, puis on embrasse les icônes situées à l’entrée de l’église.

L‘iconographie a un rôle majeur dans les églises byzantines. On vous explique tout en détails dans cet article.

Si on veut suivre la messe ou juste prier, on s’assoit sur les sièges de chaque côté du couloir central. Il y a quelques années, la partie droite de la nef était réservée aux hommes et celle de gauche aux femmes. Les femmes occupaient également la galerie supérieure de l’église, le gynécée. Cette règle a évolué. Mais les femmes ont toujours tendance à se diriger vers les sièges de la partie gauche !

La messe du dimanche a lieu tôt le matin, si on veut y assister il faut être à l’église vers 8h30. La communion a lieu à la fin de la messe. Et, contrairement au rite catholique, elle comprend du pain et du vin. Cela peut paraître surprenant mais tout le monde communie avec la même cuillère, plongée dans la même coupe.
A la fin de la messe, le pope offre à tous les fidèles un morceau de pain béni, appelé « antidoro ».

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Premières églises byzantines

Les premières églises chrétiennes, dites paléochrétiennes, font leur apparition au 4ème siècle, quand les persécutions des chrétiens cessent et plus tard, quand le christianisme devient la religion officielle de l’empire Romain.
Les premières églises byzantines sont des basiliques. Elles sont inspirées des bâtiments de l’antiquité grecque et romaine destinés à des activités commerciales ou judiciaires. Les basiliques sont des constructions rectangulaires avec une charpente en bois. Pour mieux soutenir le toit, elles sont divisées dans la longueur par des colonnades en trois, cinq, sept ou même neuf nefs. Au fond de l’église, une abside (extrémité en demi-cercle) abrite le chœur. Exemples typiques de basilique sont l’Acheiropoiètos datant de 450-470 ou Saint Dimitrios du 7ème siècle, toutes les deux à Thessalonique. La chapelle de Pantanassa, sur le place de Monastiraki à Athènes est également une basilique.

Ce type d’église évolue vers la basilique à coupole à partir du 7ème siècle. La basilique de Sainte-Sophie de Constantinople est, bien sûr, l’exemple le plus célèbre. Toujours à Thessalonique, une autre église Sainte-Sophie reprend le plan de basilique à coupole au 8ème siècle.
A l’apogée de l’empire byzantin, à partir du 8ème siècle, naît un nouveau type architectural. C’est l’église à croix inscrite à coupole. La plupart des églises byzantines que l’on peut visiter à Athènes mais aussi dans toute la Grèce sont construites d’après ce plan, avec des variations : Agioi Apostoloi dans l’ancienne Agora d’Athènes, Agioi Théodoroi au bas de la place Klathmonos, Kapnikaréa sur la rue Ermou, l’église du monastère de Kaissariani, Agioi Asomatoi à Thissio, l’église du monastère Osios Loukas en Béotie ou celle de Moni Dafniou près d’Eleusis…

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L’architecture des églises byzantines

Pour comprendre l’architecture de ces églises, il faut lever les yeux vers le ciel. On y voit une coupole soutenue par 4 colonnes domine le centre de l’église ; à partir de cette coupole centrale partent 4 voûtes demi-cylindriques qui forment la fameuse croix. Dans le centre de la coupole on aperçoit le visage du Christ Pantokrator, c’est à dire du Christ Tout-puissant, sublimé par la lumière des fenêtres qui l’entourent.

Les églises byzantines sont généralement construites en pierres taillées, avec des chaînages périmétriques en brique, pour des raisons de stabilité mais aussi esthétiques. Les byzantins n’ont pas hésité à intégrer dans les murs des pierres, des chapiteaux ou des bas reliefs récupérés dans les temples anciens. On en voit des incrustations presque dans toutes les églises byzantines d’Athènes : à la Kapnikaréa à odos Ermou, Pantanassa sur la place de Monastiraki, Saint-Nicolas Ragavas à Plaka, mais surtout la petite chapelle de Panagia Gorgoepikoos, sur la place de la Métropole d’Athènes, dont les murs sont presque entièrement construits en marbres anciens.

Evi S.

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