Les clés pour comprendre les icônes byzantines

Icônes byzantines-Fresque murale
© Laure M.

Quand on pénètre dans une église orthodoxe grecque, on est tout de suite saisi par l’ambiance mystique qui y règne : un intérieur peu éclairé, des fresques sombres mais multicolores rehaussées d’or, la lumière du jour qui entre éclatante par la coupole centrale. La spiritualité dégagée par les figures plates, presque irréelles, la fausse perspective des paysages, l’absence d’ombres, incite le fidèle à s’évader du monde terrestre et à entrer en communion avec Dieu. Voici quelques clés pour comprendre les représentations murales et les icônes byzantines dans une église grecque.

La guerre des images

En 726, l’empereur Léon III décide de retirer l’icône du Christ qui ornait la porte de bronze de son palais à Constantinople. Cet événement marque le début d’une longue et sanglante guerre entre iconoclastes (briseurs des images) et iconolâtres (adorateurs des images).

La cause ? L’adoration excessive des chrétiens pour les icônes et les reliques, qui déviait les chrétiens de la foi et les rapprochait des usages du paganisme. Pendant plus de cent ans, les empereurs successifs ont fortement réprimé ou autorisé le culte des icônes. Tout cela sur fond d’invasions arabes et bulgares, hérésies concernant la nature du Christ et expansion de l’Islam (à l’art non figuratif).

Sur l’île de Naxos, on peut encore visiter des chapelles de cette période (9e siècle) dont la décoration n’a aucune représentation humaine : Agia Kiriaki à Apeiranthos ou Agios Ioannis Théologos à Adissarou.

Finalement, le culte des icônes fût rétabli en 843. Malgré les dégâts, le conflit iconoclaste a permis à l’empire Byzantin d’affirmer son identité tant sur le plan politique que théologique et artistique. L’iconographie murale et les icônes portatives sont devenues les supports principaux de l’art byzantin et du dogme chrétien oriental.

© Evi S.

Les icônes byzantines

Les icônes, peintures portatives de personnages sacrés, sont présentes dans toutes les églises grecques. Deux techniques sont principalement utilisées pour leur création : pour les plus anciennes la peinture à l’encaustique, où les colorants sont mélangés avec de la cire d’abeille et de la résine de pin et ensuite appliqués à chaud sur le bois à peindre ; la tempéra où les colorants sont dilués dans un mélange de jaune d’œuf et de vinaigre.

Les icônes byzantines sont parfois habillées d’une plaque en argent ou en or qui ne laisse voir que le visage et les mains du saint. C’est une façon de protéger les couleurs fragiles de la lumière ou des vandalismes tout en la rendant plus précieuse.

Autour de l’icône vous observerez les ex-votos, des plaques en métal repoussé représentant un personnage ou une partie du corps. En fait les fidèles promettent au saint une offrande, en échange de la guérison de la personne ou du membre représenté (cœur, yeux, jambes, buste…).

Où voir de belles icônes byzantines ?

La plupart des icônes que l’on trouve dans les églises aujourd’hui sont des reproductions peintes suivant la technique byzantine. Si vous voulez admirer des icônes byzantines anciennes, voici les meilleures adresses :

  • Musée byzantin d’Athènes, Leof. Vasilissis Sofias 22 Athènes, Mo Evangelismos
  • Musée Bénaki, Koumpari 1 Athènes, Mo Syntagma
  • A Thessalonique : Musée de la culture byzantine, Leof. Stratou 2, Thessaloniki
  • De très belles icônes byzantines anciennes et objets votifs sont également conservés dans des monastères de tout les pays ; on peut par exemple voir de très belles collections aux monastères des Météores et du Mont Athos (attention, la région est interdite aux femmes!)

Mais les icônes ne sont pas seulement présentes dans les églises. Accrochées au murs, posées sur le buffet, elles ornent les maisons des Grecs croyants. Même les rétroviseurs des voitures ou les tableaux de bord des camions et des bus, portent le portrait du saint de prédilection du propriétaire. Et, comme la Grèce n’est pas un pays laïque dans le même sens que la France, des icônes figurent très souvent dans les bâtiments publics.

Si la Vierge à l’enfant ou le Christ Pantocrator sont les images les plus courantes, les icônes de Saint-Georges tuant le dragon, de Saint Nicolas patron des marins et la Crucifixion sont les préférées des Grecs.

Acheter une icône byzantine

D’ailleurs, une icône est un très bel objet typique à offrir ou à s’offrir en souvenir de voyage. A Athènes plusieurs ateliers en fabriquent, on peut également en acheter dans les boutiques des musées cités ci-dessus. Les prix varient selon la qualité de l’icône, voici quelques astuces pour comprendre ce que l’on achète.

Les icônes selon la technique byzantine sont peintes sur du bois massif, avec la technique de la tempéra à l’œuf (αυγοτέμπερα en grec). Et elles sont dorées à la feuille d’or 24 carats. Elles portent toujours un certificat d’authenticité. C’est une technique très longue. Alors il faut compter quelques centaines d’euros pour faire leur acquisition, selon l’artiste et le format.

Il existe des icônes très correctes faites en lithographie travaillée à la main, sur du bois massif. Elles sont par la suite vieillies pour ressembler à des icônes anciennes. Pour un ordre d’idée, comptez environ 70-100 euros pour un format 20×30. Un certificat d’authenticité est également fourni.

On peut enfin trouver des icônes bien moins chères. Elles sont faites en sérigraphie, image papier collée sur du contreplaqué ou du bois pour des prix plus modiques.

© Laure M.

L’iconographie murale

Rares étaient les chrétiens de l’époque byzantine qui avaient accès à l’éducation. Alors, les murs de l’église et les icônes fonctionnaient comme des livres racontant la religion dans un langage codé. Codé mais accessible à tous.

Pour orner les murs d’une église, deux techniques étaient principalement utilisées : la mosaïque et la fresque.

Les fresques ont été remaniées dans la plupart des églises athéniennes. Mais on peut en admirer de très anciennes à plusieurs églises byzantines en parcourant le pays : à Mystras, haut lieu de l’art byzantin, Moni Odigitrias, Moni Périvleptou, Agios Dimitrios ; à Théssalonique, Agios Nikolaos Orfanos, Panagia Chalkéon ; à Patmos, le monastère de Agios Ioannis Théologos ; en Crète à Rethymno, Panagia Myriokéfala…

On peut voir de magnifiques exemples de mosaïques byzantines à Moni Dafniou, près d’Athènes, à Osios Loukas en Béotie (peut-être combiné avec une visite de Delphes) et à Néa Moni à Chios ; ces trois monument sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco.

En grec « icône » signifie image. Après la période iconoclaste, l’idée qui a dominé la production iconographique était celle de l’incarnation. C’est-à-dire que l’image est un moyen à travers duquel les hommes peuvent « apercevoir » Dieu.

Les églises orthodoxes sont conçues comme un « microcosme » symbolique : les dessins de la partie supérieure, le dôme et les absides représentent le ciel. Le Christ Pantocrator (Tout-puissant) qui décore le dôme central observe et juge chaque action. Seuls les anges et les prophètes peuvent y figurer et « regarder » le divin.

Un peu plus bas, la décoration symbolise et confirme l’Incarnation, la présence humaine de Dieu parmi les hommes, réalisée par le Christ. Ainsi, les scènes décrites dans les Evangiles sont peintes sur ces zones intermédiaires.

La partie inférieure porte les images des saints, incitant les fidèles à imiter leur vie afin de s’approcher de Dieu.

Les décorations murales doivent occuper l’ensemble de l’édifice. Les dessins floraux ou géométriques comblent les espaces vides. En revanche, dans les églises orthodoxes il n’y a pas de sculptures, sans doute une façon de se distinguer de l’antiquité païenne.

Voir aussi notre article sur l’architecture des églises byzantines

Evi S.

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