Visite de Keramikos : Quartier de la céramique à Athènes

ancien quartier de la céramique Keramikos à Athènes
Le site archéologique Keramikos à Athènes © Virginie W.

Keramikos, le quartier de la Céramique, se trouvait à l’extrémité Nord-Ouest de la ville d’Athènes, dans le dème des Kéramées. Il doit son nom à l’art de la céramique et à Kéramos, protecteur des céramistes, fils de Dionysos et d’Ariane, selon Pausanias (2ème s.ap.J.C.). Aujourd’hui, il reste des vestiges de cet ancien quartier de potiers, le cimetière et un musée. Mais, pas facile de bien imaginer l’ampleur de ce site archéologique à l’époque antique. Alors pour votre visite de Keramikos, on vous aide grâce à notre petit guide du site du quartier de la céramique à Athènes écrit par Mania, une amie archéologue.

Avant toute chose, préparez votre visite en achetant votre ticket d’entrée plein tarif. Vous pouvez également vous procurer l’audioguide en français.

Le quartier de la céramique : une situation idéale

Le quartier de la Céramique s’étendait de l’Agora grecque jusqu’à la colline de la Pnyx. Situé à l’extérieur du rempart archaïque de la ville, il était traversé par la rivière de l’Éridanos. Dans ce secteur, il y avait deux portes principales permettant l’accès à la ville : le Dipylon au N.E. (à g.) et la Porte Sacrée au S.O. (à dr.). Ces deux voies importantes traversaient le site d’Est en Ouest. La première voie, la Voie Sacrée, menait à l’entrée du sanctuaire et la seconde menait à l’Académie.

Après les guerres victorieuses contre les Perses, Athènes détruite fut alors fortifiée en 478 avant J.C. à l’initiative de Thémistocle. Le dème des Kéramées fut ainsi divisé en deux parties :

  • le Céramique intérieur, inclus dans le réseau urbain de la ville
  • et le Céramique extérieur où se situait le cimetière officiel de la ville.

Aujourd’hui, il occupe une superficie de 45.000 mètres carrés et il est bordé par les rues Ermou, Piréos, Salaminas et par l’église d’Haghia Triada.

le quartie des Céramiques Keramikos La voie sacrée Athènes
La voie sacrée Athènes © Sophie B.

Le Dipylon, entrée principale de la ville d’Athènes

Le Dipylon ou Porte de Thria était l’entrée principale de la ville d’Athènes, la plus monumentale du mur de Thémistocle. Son nom, le Dipylon ou Porte Dipyle, indique donc la double porte. Deux portes jumelles (d’où le nom de la porte) fermaient le Dipylon du côté de la campagne et du côté de la ville. Deux tours carrées étaient construites à l’endroit où le rempart était interrompu par la porte. Le Dipylon était l’une des plus grandes portes de l’Antiquité, ayant une superficie de 1.800 mètres carrés.

En passant le portail, le visiteur se trouvait devant l’autel circulaire de Zeus Herkeios (protecteur de la ville), Hermès (protecteur des portes) et Akamas (un des héros éponymes d’Athènes). Au Nord de l’autel, une fontaine alimentait en eau les habitants et rafraichissait les voyageurs.

La porte du Dipylon a servi de grand piège pour les assaillants. Vers 200 avant J.C., elle protégea ainsi Athènes de l’attaque des Macédoniens, sous Philippe V. La porte fut aussi détruite par les Hérules, en 267 après J.C..

quartier de la céramique keramikos à Athènes - illustration
Illustration située dans le musée de Keramikos – Les 2 voies et les 2 portes © Sophie B.

La Porte Sacrée, entrée au sanctuaire

La Porte Sacrée fut percée à une distance d’à peine 60m, au Sud du Dipylon. Comme son nom l’indique, à travers elle, passait la Voie Sacrée. Les initiés l’empruntaient pour arriver à Éleusis (sanctuaire dédié à Déméter) où ils célébraient les Mystères Éleusiniens.

La Porte Sacrée fut construite selon les mêmes principes que le Dipylon. Une porte avec deux tours carrées et une cour intérieure. Elle abritait dans sa construction le lit de la rivière de l’Éridanos. Mais au VIème siècle après J.C., sous Justinien, on remblaya le lit de la rivière.

Le Pompéion

Entre les deux portes principales, le Dipylon et la Porte Sacrée, fut construit au début du IVe s.av.J.C. un édifice public, le Pompéion. Il servait aux préparatifs des processions pour la grande fête des Panathénées. C’est là que l’on gardait les ustensiles sacrés, les « pompéia » et c’est aussi d’ici que partait la grande procession des Panathénées.

Le philosophe Diogène fréquentait souvent ce lieu. Le Pompéion était décoré de fresques représentant Isocrate et les auteurs de comédies. Il abritait aussi une statue de bronze de Socrate, œuvre de Lysippe. En cas de besoin, il servait également de silo à blé.

Le cimetière du Céramique (Keramikos)

cimetière de Keramikos à Athènes
DerHexer, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

Le cimetière s’étendait en dehors du Dipylon et de la Porte Sacrée, tout le long de la Voie Sacrée et du Dromos. Tout l’espace était alors occupé par des enclos funéraires, des tumuli et des monuments. La Voie Sacrée, qui était la plus ancienne, était bordée de tombes de citoyens Athéniens, de métèques et d’autres Grecs. Pausanias mentionne la Voie Sacrée comme la rue qui suivait la procession des Grands Mystères, jusqu’au sanctuaire de Déméter à Éleusis. Des deux côtés de cette rue, se trouvaient donc les plus anciens des tombeaux les plus importants.

Au carrefour des deux rues, c’est-à-dire de la Voie Sacrée et de l’Allée des Tombeaux, vous pouvez voir les vestiges d’un sanctuaire des Tritopatores (Ancêtres), du Ve siècle avant J.C..

Puis, à environ 100m. de la Porte Sacrée, débouchait à gauche sur la Voie Sacrée, l’Allée des Tombeaux. Cette allée longue de 90m rejoignait la route du Pirée. Elle fut commencée vers 394 avant J.C.. De chaque côté, des enclos renfermaient plusieurs tombes de formes variées : des petites chapelles (naïskoi) ornées de frontons et de sculptures, des stèles à palmettes, des dalles quadrangulaires, des sarcophages de briques peints, des loutrophores ou lécythes, mais aussi des tombes d’esclaves.

Cimetière de Keramikos Athènes
Cimetière de Keramikos © Sophie B.

Le « Démosion Séma »

À l’extérieur du Dipylon, la porte principale du mur de fortification d’Athènes, partait ce qu’on appelait le « Dromos » ou simplement « Céramique ». Il s’agit de la rue qui reliait la ville avec le bois du héros Akadémos qui devient plus tard l’Académie de Platon. Deux bornes de pierre découvertes sur place prouvent que la rue était alors large de 39m..

Des citoyens athéniens, ainsi que des guerriers athéniens et leurs alliés qui avaient perdu la vie en combattant pour la cité avaient été enterrés aux frais de l’État, des deux côtés de la rue dans le Céramique extérieur, le « plus beau faubourg d’Athènes » comme écrivait Thucydide. Chaque hiver étaient organisées des cérémonies funèbres officielles et des réunions publiques, comme celles que décrit Thucydide pour les premiers défunts de la guerre du Péloponnèse. C’est à cette occasion que Périclès prononça son discours funèbre, « l’Épitaphe » pour honorer les Athéniens et parler de la gloire de son gouvernement et de sa cité.

Le Musée du Céramique

Keramikos Musée Athènes
Musée du site de Keramikos © Sophie B.

En sortant du cimetière, on peut visiter le petit musée du Céramique où ont été déposées les plus intéressantes trouvailles de la nécropole, sauf quelques unes qui sont exposées au Musée National Archéologique d’Athènes.

Dans les salles du Musée, on peut admirer entre autres :

  • le Kouros, attribué au sculpteur athénien du Dipylon (580 av.J.C.)
  • une stèle funéraire en pierre d’un jeune guerrier (560 av.J.C.)
  • un sphinx en marbre, couronnement d’une stèle funéraire (560-550 av.J.C.)
  • la stèle funéraire en marbre du jeune athlète Euphéros (420 av.J.C.)
  • la stèle funéraire d’Ampharété qui tient dans ses bras son petit fils décédé, le fils de sa fille (420 av.J.C.)
  • le relief funéraire en marbre de Dexiléos (394/393 av.J.C.), mort lors d’une bataille entre Athéniens et Corinthiens (érigé à l’entrée de l’Allée des Tombeaux)
  • le monument funéraire de deux sœurs, Démetria et Pamphilé (fin IVe s.av.J.C.)
  • l’imposant taureau en marbre de l’enclos funéraire de Dionysios du dème de Kollytos (345-335 av.J.C.)
  • la stèle funéraire d’Hégésô de Proxénos (une copie) datant de la fin du Ve s.
  • la tête en marbre du Dipylon (une copie), magnifique exemple de l’art archaïque attique (610 av.J.C.).
  • des amphores funéraires, des loutrophores …

Keramikos, en pratique

Nous vous donnons toutes les infos pratiques concernant le site de Keramikos dans notre article dédié. Vous trouverez aussi tous les renseignements : tarifs, horaires sur le site officiel.

Pour les tickets d’entrée, vous pouvez les acheter directement sur place, ou alors en ligne comme ce ticket plein tarif + audioguide en français disponible sur le site Get Your Guide. Nous ne l’avons pas encore testé mais les commentaires sont très bons.

Et si vous voulez prendre des billets groupés avec les plus beaux sites d’Athènes (Acropole, Agora antique, Agora romaine, Temple de Zeus, bibliothèque d’Hadrien, lycée d’Aristote). Vous pouvez le faire également sur le site de Get Your Guide. Ils proposent des billets remboursables jusqu’à 24h avant la date prévue.

Enfin, pour visiter le quartier de la céramique Keramikos en visite privée, nous vous conseillons de faire appel aux services d’Anna, guide francophone. Elle sait faire revivre ses lieux comme nulle autre. Et vous pouvez poursuivre la visite des sites archéologiques d’Athènes avec un lieu que nous adorons : l’Agora grecque, à visiter avec notre guide pdf bien sûr 😉

Mania F.

Article mis à jour le 21 Février 2024

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