Connaissez-vous l’« Ekklisia Agia Triada Rosiki », également appelée « Sotira Lykodimou » ? Il s’agit d’une église russe orthodoxe, située à quelques pas de la place Syntagma, face au Jardin National, à l’angle des rues Souri et Filellinon. Cette église, surnommée « l’Église Russe » par les Athéniens, est un petit bijou, caractéristique de l’art byzantin. Elle mérite une visite.
L’Église Russe : un édifice au passé mouvementé
L’Église Russe est l’un des plus importants monuments byzantins de la capitale grecque. Elle a été érigée au début du 11ème siècle sur les ruines d’une ancienne église du 8ème siècle. Les fouilles archéologiques ont révélé que dans l’Antiquité, ce site était un sanctuaire dédié à Apollon.
Entre 117 et 138 après J.-C., sous l’Empereur Hadrien, on ajouta des bains romains, dont une partie est encore visible aujourd’hui dans les catacombes (que l’on ne peut malheureusement pas visiter).
Puis, autour de 780-800, une Église chrétienne a été bâtie sur les anciens bains romains. Un peu plus tard, au 11ème siècle, un monastère a été construit au même endroit. Au fil du temps, celui-ci a été tour à tour monastère catholique, occupé par des moines Bénédictins, et monastère orthodoxe. Il a été abîmé lors d’un tremblement de terre en 1701 puis partiellement détruit sous la période ottomane et durant la Révolution de 1821.
En 1847, l’ambassadeur russe d’Athènes demande l’autorisation d’acheter cet édifice pour les besoins du culte de la communauté orthodoxe russe vivant en Grèce. Un long travail de restauration commence alors, ainsi que la construction d’une grande tour à côté de l’église, travaux entièrement financés par le gouvernement russe.
Les « spolia »
Avant d’entrer dans l’Église russe, prenez le temps d’en admirer l’extérieur : les portes en bois, les fenêtres, les pierres ciselées.
Regardez attentivement et cherchez dans les murs les morceaux de marbre provenant de l’ancien temple d’Apollon. On appelle « spolia » ces pièces venant de monuments antérieurs et utilisées pour la construction d’un nouvel édifice. Il est très fréquent de voir cette forme de « recyclage » sur les murs des églises byzantines (fragments de colonnes ou morceaux de marbre provenant d’anciens temples grecs). Cette pratique permettait non seulement de réutiliser des œuvres d’art mais aussi de réduire le coût des matières premières.
Un bel exemple d’art byzantin
L’intérieur de l’Église Russe est richement décoré.
L’art byzantin obéit à des règles strictement codifiées. Ainsi, en levant les yeux, on peut admirer sur la coupole la représentation du buste du Christ Pantocrator, image de la toute-puissance divine. Celui-ci tient dans sa main gauche le livre des Saintes Écritures et lève sa main droite dans un mouvement de bénédiction qui invite à la vie éternelle.
Autre caractéristique que l’on retrouve dans les églises byzantines : à droite des portes centrales en bois, appelées Belles Portes (en grec : Oμορφη Πόρτες), on trouve une icône de Jésus-Christ portant un vêtement rouge symbolisant la passion et recouvert d’un vêtement bleu qui, lui, symbolise la sagesse. Et à gauche des Belles Portes, il y a toujours une représentation de la Vierge à l’Enfant.
A l’intérieur de l’église, on peut observer des icônes russes mais aussi des icônes byzantines. Et on se rend alors compte que l’iconographie russe diffère légèrement de l’iconographie byzantine traditionnelle. En effet, les visages sont humains et modernes. Alors que dans l’art byzantin classique, les personnages ne ressemblent pas aux personnes réelles afin de montrer que les Saints sont différents du commun des mortels.
Enfin, prenez quelques minutes pour observer les petites plaques d’aluminium autour des icônes : ces ex-voto permettent de solliciter une grâce ou de remercier d’une grâce obtenue. Les dessins en relief sur les plaques représentent les sujets de prière : santé, mariage heureux, enfant, maison… mais aussi voiture ou bateau !
Où trouver l’église russe d’Athènes ?
- A l’angle des rues Souri 1 et Fillenon, quartier Syntagma, Athènes – Google Maps
- Station Métro ligne 2 et 3 arrêt Syntagma
- Entrée libre
- Site web (en grec)
Laure M.