Histoire récente de la Grèce, de 1821 à nos jours

Le drapeau grec bleu et blanc qui flotte : Histoire récente de la Grèce
Drapeau grec par Dimitris Vetsikas de Pixabay

L’histoire récente de la Grèce, de l’indépendance à nos jours est souvent méconnue… Alors que tout le monde connaît plus ou moins l’histoire de la Grèce antique !

Dans toutes les écoles d’Europe, les élèves sont bercés avec les mythes grecs, la philosophie, les tragédies qui, disons-le, ont posé les fondements de la culture occidentale.

Mais peu de gens peuvent se vanter de bien connaître l’histoire récente de la Grèce après son indépendance. Alors nous avons pensé que ça pourrait être utile de vous en donner les grandes lignes de l’indépendance à nos jours.

L’indépendance de la Grèce

Après presque 4 siècles d’occupation ottomane, la Grèce réclame son indépendance en 1821.

Cette révolution a été imaginée initialement par des grecs de la diaspora, inspirés par les idées des Lumières et la révolution française. Elle sera menée par des chefs locaux convaincus que cette idée était réalisable, malgré les difficultés d’organisation et d’équipement.

Ils n’avaient pas tort : en 1828, Ioannis Kapodistrias, premier gouverneur du petit pays naissant, arrive à Nafplio qui sera la première capitale grecque. Puis, avec la Conférence de Londres en 1832, la Grèce devient un royaume indépendant et souverain sous la couronne du bavarois Otto ou Othon pour les grecs.

L’Histoire récente de la Grèce exposée au Musée d’Histoire Nationale d’Athènes

Ioannis Kapodistrias, une figure dans l'histoire récente de la Grèce
Ioannis Kapodistrias © Virginie W.
Othon 1er, tenue du prince de Bavière élu Roi à 17 ans dans l'histoire récente de la Grèce
Tenue du Roi Othon 1er © Virginie W.

L’expansion de la Grèce

Au fur et à mesure que l’empire Ottoman s’affaiblit, la Grèce conquiert de nouveaux territoires.

C’est ainsi que le petit royaume, comprenant initialement le sud de la Grèce continentale,le Péloponnèse et les Cyclades s’agrandit. Il intègre progressivement la Thessalie (1881), l’Épire, la Macédoine et les îles du nord de la mer Égée ainsi que la Crète (1913). En 1864, l’Angleterre avait cédé les îles Ioniennes.

Plus tard, les guerres des Balkans de 1912-1913 et la guerre gréco-turque de 1919-1922 ont encore modifié les frontières du pays. A la suite de cette dernière guerre, un échange de populations a lieu et 1,3 million de réfugiés d’Asie Mineure arrivent en Grèce. C’est un des moments les plus douloureux de l’histoire récente de la Grèce.

Chose peu connue, ce sont les îles du Dodécanèse, cédées à la Grèce par l’Italie en 1947, qui ont achevé le dessin de la carte grecque.

Massacre des réfugiés de Smyrne, un épisode douloureux de l'histoire récente de la Grèce
1922 – Grecs fuyant la catastrophe de Smyrne
par Picryl
Campement des réfugiés de l'Asie Mineure
Réfugiés d’Asie Mineure par Picryl

Les tourments de l’après guerre

La seconde guerre mondiale est suivie d’une guerre civile qui opposa l’armée gouvernementale à l’armée démocratique grecque, contrôlée principalement par le parti communiste.

Cette guerre, dont les traces sont encore perceptibles dans la société actuelle, a duré de 1946 à 1949. Elle a coûté la vie à plus de 150 000 personnes. La guerre a laissé le pays dévasté, économiquement et moralement exsangue et a poussé des milliers de grecs à émigrer.

L’énorme fracture de la guerre civile a envenimé la vie politique du pays sur un long terme. Les gouvernements conservateurs se sont succédés par la suite, empêtrés dans la logique de la guerre froide. Ils n’ont fait que perpétuer le clivage en persécutant leurs opposants, souvent des anciens résistants.

Les années ’60 ont été marquées par des mouvements de protestation, des manifestations, de changements de gouvernements dans le contexte d’une démocratie fragile, injuste.

Lecture proposée : Le livre « Z » de Vassilis Vassilikos décrit très bien l’ambiance politique et sociale de la période avant la junte militaire, à travers le récit de l’assassinat du député Grigoris Lambrakis.

La dictature des colonels

Le 21 avril 1967 est la date la plus noire de l’histoire récente de la Grèce.

Ce matin-là, les grecs effarés voient défiler des chars dans les rues d’Athènes. Les principaux politiciens sont arrêtés, la constitution suspendue, la radio et la télévision transmettent des chants militaires.

Lors de ses premières apparitions publiques, le colonel putschiste Georges Papadopoulos est dans un délire nationaliste et anti-communiste. Il compare le pays à un malade en salle d’opération qui risque la mort sans une intervention d’urgente et l’application d’un plâtre.

Ainsi plâtré le pays vivra pendant 7 années !

Les opposants sont exilés, torturés, persécutés. Afin d’éviter les sévices du régime, plusieurs intellectuels se réfugient à l’étranger, où ils font entendre la voix de la Grèce bâillonnée.

Les funérailles de personnalités comme ceux de l’ancien premier ministre Georges Papandréou en 1968 ou du poète nobéliste Georges Séféris en 1971 sont transformés en manifestations contre la junte.

L’insurrection de l’école Polytechnique

Le moment-phare de la résistance contre le régime des colonels reste l’insurrection des étudiants en novembre 1973.

Malgré la promesse d’élections et d’allègement de la censure, la répression est toujours d’actualité. La conscription obligatoire des « éléments rebelles » provoque la colère des étudiants de la faculté de droit, puis ceux de l’École Polytechnique. Ils refusent alors d’assister aux cours pour protester contre la barbarie de l’État.

Des étudiants mais aussi des civils commencent à affluer vers l’École Polytechnique. L’occupation s’organise : des repas sont distribués, une station radio illégale émet les messages des étudiants. L’occupation des locaux dure 3 jours.

Char à l'assaut de l'école Polytechnique d'Athènes
Char devant l’école Polytechnique d’Athènes le 17 Novembre 1973, par Flickr

La nuit du 17 novembre, un char démolit la grille centrale et rentre dans la cour de l’École Polytechnique. Les télévisions du monde entier transmettront avec horreur les images des étudiants accrochés à la grille et la voix à la radio-libre qui supplie les soldats de ne pas tuer des civils non armés.

Le retour de la démocratie

Suite à ces événements, la junte essaiera de resserrer les vis en imposant des règles plus sévères. Mais ses jours sont comptés !

En juillet 1974, les colonels grecs sont à l’origine d’un coup d’état à Chypre. La Turquie saisit l’occasion pour envahir le nord de l’île. Si la guerre entre la Grèce et la Turquie est évitée in extremis, cette crise met fin à la junte militaire grecque.

Le 24 juillet 1974, Konstantinos Karamanlis revient de Paris et prend la place de premier ministre d’un gouvernement provisoire. Il entame alors la transition de la dictature militaire vers un régime démocratique en libérant tous les exilés et prisonniers politiques, en supprimant la censure et en légalisant le parti communiste. Les premières élections de la Grèce démocratique auront lieu en novembre 74.

Au mois de décembre de la même année, un référendum abolit définitivement la royauté. Début 1975, un jugement condamne les responsables du coup d’état et les tortionnaires. Une partie d’entre eux, dont Georges Papadopoulos, mourront en prison.

En Grèce, cette période de transition de régime s’appelle « Métapolitefsi« .

La période de la prospérité : 1974-2010

Les trente glorieuses grecques commencent en réalité après cette année 1974 et surtout après les années ’80. Mais, le pays a du retard à rattraper. Les institutions sont à refonder sur des bases modernes.

De nombreux chantiers sont alors entrepris comme le mariage civil, le système national de santé, les concours de la fonction publique, d’importants travaux publics, le réseau routier, la parité hommes-femmes …

L’adhésion à l’Union Européenne aura lieu en 1981 et changera complètement les bases économiques et sociales. En 2002 la Grèce rentre dans la cour des grands en délaissant la drachme pour l’euro. En 2004 elle organise les prestigieux jeux Olympiques

Rien ne semble arrêter l’ascension fulgurante du petit pays…

OAKA, le site olympique d'Athènes. Les Jo, un épisode de l'histoire récente de la Grèce
Complexe olympique OAKA à Athènes © Virginie W.

La crise de la dette

Mais la crise économique de 2008 révélera les faiblesses de l’économie grecque ! En fait, le pays vit depuis longtemps au dessus de ses moyens. Mais les partenaires européens ferment les yeux, devant ce marché dynamique et largement importateur.

En 2010, la Grèce ne peut plus emprunter sur les marchés financiers et se tourne vers l’UE pour demander de l’aide. La réponse est alors ambiguë.

D’un côté, l’UE ne peut pas laisser tomber la Grèce, au risque de voir un domino de pays de la zone euro faire faillite.

De l’autre côté, des experts européens mettent en place une politique punitive du « mauvais élève ». Appelée troïka, cette instance regroupe les experts de la Commission européenne, le FMI (Fonds monétaire International) et la BCE (Banque Centrale Européenne).

Les grecs voient alors leur pouvoir d’achat dégringoler, ils manifestent, ils résistent, ils votent contre les mémorandums jugés injustes… Les gouvernements et les coalitions se succèdent. Ce bras de fer avec l’UE durera 8 longues années.

La Grèce réussira à se maintenir dans la zone euro, à assainir aussi ses modes de fonctionnement. Mais ce sera encore un moment douloureux dans l’histoire récente de la Grèce.

Les années de l’innocence sont loin derrière…

Article écrit par Evi S.

Nous vous conseillons la lecture du roman de Victoria Hislop « Ceux qu’on aime », qui retrace très bien la vie en Grèce durant ces années

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