Le tunnel d’Eupalinos ou aqueduc d’Eupalinos sur l’île de Samos en Grèce, est l’un des exploits d’ingénierie les plus remarquables de l’Antiquité.
Construit au 6ème siècle avant J.-C., il a été conçu par l’ingénieur Eupalinos de Mégare sur ordre du tyran Polycrate de Samos. C’est une visite un peu spéciale (on porte des casques !) mais magique. Admirer de quoi les hommes sont capables, on ne s’en lasse pas !
L’historien grec Hérodote décrit le tunnel comme la 8ème merveille du monde antique (3,60).
On voit à Samos une montagne de cent (…). On a percé cette montagne par le pied, et l’on y a pratiqué un chemin qui a deux bouches en ouvertures. Le long de ce chemin, on a creusé un canal qui traverse toute cette montagne.
Quelques repères
- Nom : Tunnel Eupalinos ou aqueduc Eupalinos (grec moderne : Ευπαλίνιον όρυγμα / Efpalinion orygma)
- Localisation : Samos, Grèce
- Type : Aqueduc souterrain traversant le mont Ambelos
- Date de construction : VIe siècle av. J.-C.
- Architecte : Eupalinos de Mégare (entre Athènes et Corinthe)
- Longueur : 1 036 mètres
- Hauteur : 1,80 mètre
- Largeur : 0,60 mètre à 2 mètres
- Histoire : Le VIème siècle avant J.-C. est une période de grands bouleversements et de changements en Grèce. C’est l’époque de l’émergence de la démocratie athénienne, de la naissance de la philosophie occidentale et de l’explosion artistique et culturelle. Indéniable est la renommée de Samos au 6ème siècle avant notre ère. Le commerce florissant et la navigation ont comblé la cité-État de richesses, propulsant ainsi son essor culturel. Mais les habitants ne bénéficiaient pas d’un accès aisé à une ressource essentielle : l’eau.
Comment ont-ils creusé un tunnel de 1000 m ?
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un projet d’une telle envergure a été entrepris sans précédent. L’ingénieur Eupalinos a osé construire un tunnel sous une montagne en commençant à creuser simultanément à partir de deux portes diamétralement opposées.
Chaque mesure repose sur les fondements des mathématiques et de la géométrie (arpentage), et témoigne d’une précision exceptionnelle. Eupalinos a non seulement utilisé ces disciplines pour aligner les excavations avant leur rencontre, mais également pour maintenir le tunnel droit afin de surmonter les défis géologiques. D’ailleurs, les précautions prises par l’ingénieur subjuguent encore aujourd’hui les ingénieurs. Il a anticipé les marges d’erreurs possibles en les prenant en compte lors de la construction…
Où réside la difficulté de construction ?
Le défi technique résidait dans la nécessité de creuser simultanément des deux côtés de la montagne tout en respectant une pente spécifique pour assurer l’écoulement de l’eau, afin que les deux équipes se rejoignent au centre. Les travaux de construction, réalisés par des prisonniers de Lesvos, ont duré entre 8 et 10 ans. Les travaux semblent inimaginables pour nous aujourd’hui. En effet, n’oublions pas les outils de l’époque. Au total, environ 7 000 mètres cubes de roche ont été excavés pour achever ces tunnels, dans le cadre de cette prouesse hydraulique. Ce travail colossal a été réalisé uniquement à l’aide de pioches, de marteaux et de burins. Pour s’éclairer, ils utilisaient des lampes à huile, ce qui rendait les conditions encore pires. Bien-sûr, on oublie la boussole ou les cartes topographiques !
La rencontre s’est déroulée comme prévu, avec une différence de niveau minime : environ 50 cm !!! Pendant un millénaire les habitants utilisèrent le tunnel, comme en témoignent les découvertes archéologiques.
Une autre fonction à cet aqueduc ?
L’aqueduc souterrain, difficilement repérable par un ennemi potentiel cherchant à couper l’approvisionnement en eau, revêtait une grande importance stratégique.
Au VIIe siècle après J.-C., l’aqueduc d’Eupalinos fut délaissé, mais les habitants de Samos l’utilisèrent comme refuge à différentes périodes. En effet, ce tunnel offrait une protection unique contre les incursions des pirates. Des murs de fortification furent érigés à l’intérieur du tunnel, juste après son portail d’entrée sud. Ainsi au VIIe siècle, l’aqueduc sert de refuge aux habitants afin de se protéger des Perses (627 après JC) et des Arabes (666 après JC) ; ainsi que pendant la période byzantine.
Comment visiter le tunnel d’Eupalinos ?
Alors, ce site se visite facilement mais s’agissant d’un tunnel, nous le recommandons aux personnes qui ne souffrent pas de claustrophobie. Certaines parties ont une hauteur de moins de 1m50, on doit se baisser et le sol étant glissant, ainsi nous recommandons fortement de bonnes baskets !
Pour le moment, les enfants de moins de 14 ans ne sont pas admis à l’intérieur du Tunnel. Les jeunes âgés de 14 à 18 ans doivent être accompagnés d’un adulte responsable.
Il existe 3 itinéraires mais pour l’instant (mai 2024) seul l’itinéraire 1 est ouvert.
Itinéraire 1. Longueur 185 m., nombre maximum de visiteurs 20, durée 00h20΄ retour compris. Dans cette partie, on peut voir tous les détails de construction. Difficultés : un escalier étroit avec des marches raides et hautes et un couloir bas et très étroit (17 m. de long, 1,55 m de haut et 0,55 m. de large). Le reste de la visite est assez facile après le couloir.
- Heures de visite : 08h40, 09h00, 09h40, 10h00, 10h40, 11h00, 11h40, 12h00, 12h40, 13h00, 13h40, 14h00, 14h40 – Fermé le mardi.
- Billets : Plein : 8 €, Réduit : 4 €
- Lieu : l’entrée sud du tunnel se trouve à environ 2 km au nord de Pythagorio et est accessible en voiture ou à pied. (localisation)
Pour aller plus loin sur le plan technique
La méthode théorique exacte pour construire le tunnel demeure encore une question ouverte. Même si des recherches, notamment celles de Kienast en 1995, privilégient les principes de Héros d’Alexandrie, un mathématicien grec (10-70 après J.-C.). Selon cette théorie, l’ingénieur aurait mesuré la circonférence de la montagne à l’aide de triangles rectangles. Ainsi, la distance vers l’ouest aurait été soustraite de la distance vers l’est pour déterminer un côté d’un triangle rectangle. La somme de toutes les distances nord-sud aurait égalé la longueur du deuxième côté du triangle, tandis que la ligne reliant les deux, l’hypoténuse du triangle, aurait été en réalité le tracé du tunnel proposé. Une fois ces lignes calculées, même enfouies sous la montagne, deux triangles rectangles similaires auraient été créés de chaque côté du tunnel pour guider l’itinéraire de l’excavation. C’est bon, vous avez tout compris ?
Que visiter autour du site ?
Le tunnel se situe au sud-est de l’île. Il est assez proche de l’aéroport situé dans une région naturellement protégée (Natura). D’ailleurs, le site se situe juste au dessus de la ville de Pythagorion.
Pythagorio
Le port de la ville est réputé comme étant le plus ancien port artificiel de la mer Méditerranée.
C’est une petite petite ville située au milieu de la cité antique. Je ne sais pas vous, mais je suis toujours étonnée en Grèce, d’avoir des restes archéologiques impressionnants au milieu des constructions urbaines ! Ainsi ne soyez pas surpris de découvrir un temple d’Aphrodite entre la Poste et une taverne ! La ville est assez touristique…mais très jolie.
Pythagorio est l’un des lieux les plus prisés de Samos, en raison de ses nombreux sites archéologiques et de sa vaste plage de sable. Vous trouverez d’ailleurs ici toutes les informations pour visiter Pythagorio.
Psili Ammos
Alors, pour un moment détente après une visite culturelle dans les profondeurs, nous vous conseillons la plage de Psili Ammos à une quinzaine de minutes.
Pour s’y rendre, on passe par des marécages où les flamants roses prennent du bon temps ! Une fois arrivé, la plage est de sable très fin et les eaux sont chaudes et turquoises…
Nous vous recommandons la taverne Psili Ammos, elle est très bien placée et propose des poissons frais. C’est une taverne traditionnelle depuis trois générations. Ce sont des plats classiques mais parfaitement exécutés.
Puis, partez à la découverte de Samos !
Si vous passez quelques jours sur Samos, ne manquez pas les incontournables à visiter à Samos. Et retrouvez également toutes les informations pratiques dans notre Guide Conseils Samos : comment y aller ? où loger ? où manger ?
Céline P.
