Lorsqu’on parle de danses grecques, nous vient à l’esprit l’image de jeunes gaillards habillés en fustanelle, cette jupette blanche à plis, dansant en cercle ou d’un homme seul sur la piste au milieu d’assiettes cassées. Est-ce que cette image reflète une réalité du pays ou c’est juste un spectacle pour touristes ? On va essayer de partager le vrai du faux, de faire la part entre folklore et tradition.
La danse, l’expression de l’âme grecque
La danse est une expression corporelle universelle existant certainement depuis le début de l’humanité. A travers les danses traditionnelles, chaque peuple affirme sa particularité culturelle, son rapport à la vie, à la mort, aux rites religieux ou sociaux. Ainsi, en regardant les grecs danser on comprend mieux leur mentalité, le fond de leur cœur !
Et les grecs, en purs méridionaux, adorent faire la fête, chanter, ils ont le sens de la famille et de la communauté. Pour ce peuple extraverti, la danse est également un moyen d’exprimer ses sentiments, qu’on soit triste ou joyeux. Mais ce n’est pas tout ! Effectivement, les grecs sont très attachés à leurs traditions et les danses grecques sont un moyen de signifier son attachement aux coutumes ancestrales et l’appartenance à sa région.
Les danses grecques traditionnelles : tous en rond
La plupart des danses grecques traditionnelles se dansent en cercle. Tout d’abord, déjà, sur des vases de l’antiquité, on trouve cette disposition des danseurs qui se tiennent par la main et avancent ensemble sur le rythme de la musique. Parfois, les danseurs crient en cœur, pour imiter les cris de guerre ou pour motiver la troupe. Cette façon de danser symbolise l’union, la solidarité et l’égalité. C’est vraiment émouvant de voir les danseurs du zonaradikos (danse de Thrace) avancer collés les uns aux autres, les bras entrelacés ou les danseurs de Pontos renouer avec une chorégraphie très ancienne en dansant le pyrrihios, la danse du guerrier.
Chaque région a bien-sûr ses danses propres. Impossible de les citer toutes ici, mais si vous fréquentez les panigyria (fêtes locales, voir notre article) vous ferez connaissance avec les danses régionales.
Voici une liste des danses grecques les plus connues par région :
Danses des îles : Ikariotikos, syrtos, ballos (Iles de la mer Egée) haniotikos, pentozali, sousta (Crète), Lévantinikos, Fourla, kerkyraïkos (Iles ioniennes)
Danses du Péloponnèse : kalamatianos, tsamikos
Danses de la Grèce continentale : tsamikos, danse à plusieurs variantes présente dans presque toutes les régions de la Grèce continentale, karagouna (Thessalie), gaïda, makédonikos, nizamikos (Macédoine), zonaradikos (Thrace), sta dio, sta tria (Epire)
Danses des grecs de Pontos (kotsari, pyrrihios, danse des couteaux) et d’Asie Mineure (karsilamas, tsiftétéli)
Les danses grecques populaires
En grec, par le terme « danses populaires » (λαϊκοί χοροί), on entend les danses développées pendant le XXe siècle, qui sont accompagnées de « musique populaire » (λαϊκή μουσική). D’ailleurs, issues en grande partie du rébétiko (genre musical des classes populaires principalement des réfugiés d’Asie Mineure), ces danses grecques ont été enrichies avec des éléments traditionnels. Elles sont très appréciées et dansées à toutes les fêtes : mariages, panigyria, fêtes en famille ou entre amis.
En voici quelques-unes :
Le zeïbékiko : l’art de casser les assiettes
Elle est pratiquée par une personne se tenant seule sur la piste, un homme la plupart du temps, mais cette exclusivité est désormais révolue. Le danseur semble être tout le temps sur le point de tomber, entraîné par un énorme poids sur les épaules. En effet, le zeïbekiko et la musique qui l’accompagne, exprime la dureté de l’existence, l’injustice, l’amour déçu… Parfois, par empathie avec l’humeur lourde de la chanson, le public cassait un verre ou une assiette devant les pieds du danseur. Cette habitude a pris l’ampleur que nous connaissons, devenant une attraction touristique, spectaculaire certes, mais privée de sentiments !
Le tsiftétéli : la danse de la sensualité
Le tsiftétéli est présent à toutes les fêtes grecques. Danse féminine initialement, elle est aujourd’hui pratiquée par tout le monde, en solo ou en couple. Effectivement, elle est issue de la danse du ventre orientale et elle est arrivée en Grèce par les réfugiés d’Asie Mineure. C’est une danse langoureuse, sensuelle, voire érotique et la musique nous fait voyager dans l’Orient d’autrefois.
Le hassapiko : des danseurs parfaitement synchronisés
Hassapiko signifie « danse du boucher » parce qu’elle était dansée par les bouchers de l’ancienne Constantinople, Istanbul aujourd’hui. Du reste, la danse a été épurée, stylisée et devenue une des plus belles danses grecques populaires. Les danseurs se présentent face au public en groupe de 3-5 et exécutent une chorégraphie assez complexe, avec des pas qui varient à chaque strophe de la chanson. Même si l’on connaît le pas de base, il vaut mieux laisser le groupe aller au bout de sa performance, sinon on risque de perturber la chorégraphie convenue à l’avance par les danseurs !
Le hassaposerviko : pour les cœurs bien accrochés !
C’est la danse la plus facile, tout le monde peut vite l’apprendre et y participer ! En effet, elle se danse en cercle, par un nombre non limité de danseurs. En revanche, c’est une danse rapide. On saute, on court, on halète et parfois le rythme accélère. Cœurs sensibles s’abstenir. Mais c’est une danse très festive et joyeuse et, de ce fait, très populaire chez les grecs comme chez les touristes.
Et le syrtaki ? Est-ce une danse ?
Parmi les danses grecques, le syrtaki est la plus connue dans le monde entier. Pourtant personne en Grèce ne saurait vous dire exactement ce que c’est… En réalité, le syrtaki est un mélange de hassapiko et de hassaposerviko, qui a rencontré un succès mondial grâce au film Zorba le grec, de Michalis Cacoyannis. Dans la dernière scène du film, Antony Quinn et Alan Bates dansent, sur la musique bien connue de Mikis Théodorakis, une danse presque improvisée mais qui concentre tout l’esprit du personnage impétueux et indomptable d’Alexis Zorba. Un véritable mythe mais aussi une danse étaient nés !
Où voir les grecs danser ? Où apprendre les danses grecques ?
Pour voir les grecs danser des danses traditionnelles ou populaires, vous pouvez chercher les panygiri, fêtes locales très prisées et présentes dans toutes les régions pendant l’été surtout. Aussi, si vous avez l’occasion de vous rendre à une fête de mariage ou de baptême. Lire plus sur les panigyri dans notre article.
De juin à septembre, au pied de la colline de Philopappou, le théâtre de Dora Stratou propose des représentations de danses populaires grecques. Il s’agit d’un véritable musée de danse et de costumes de toutes les régions du pays, face à l’Acropole ! Voir notre article.
Se rendre aux bouzoukia, les boîtes de nuit grecques. Le programme change selon les saisons, vous pouvez vous faire conseiller et réserver en français par le biais de Mireille de l’agence Léonidakos.
Et voici quelques lieux pour apprendre les danses grecques
En Grèce:
Mireille de l’agence Léonidakos peut organiser des cours de danse pour des groupes, par des danseurs professionnels.
En France, plusieurs associations organisent aussi des cours de danses grecques :
A Paris, Association Kyklos
A Montpellier, Euro Grèce France
A Auxerre, Ikona
Ailleurs, adressez-vous à la communauté hellénique de votre région.
Et pour finir, un peu de vocabulaire
- En Grèce, s’il y a deux mots largement utilisés à propos des fêtes avec danses grecques, ce sont les mots « glendi » (γλέντι) et « kéfi » (κέφι). D’origine turque, les deux mots signifient respectivement la fête et l’état festif. Donc pendant le glendi, les grecs ont beaucoup de kéfi !
- Enfin, chez les grecs anciens, la muse Terpsichore (de terpsis + khoros, celle qui affectionne la danse), jeune femme légère et gracieuse portant une lyre, protégeait la danse et les danseurs. D’ailleurs les mots français chorégraphie, chœur, chorale, etc. proviennent tous du grec « Khoros » (χορός) qui signifie la danse.
Evi S.
Brigitte SILVESTRE
Votre article est très bien documenté, je connais la Grèce depuis 50 ans et je pratique les danses grecques