Nous vous proposons ici de faire connaissance avec Isabelle Cervellin-Chevalier, romancière résidant en Grèce. Elle vient de publier en septembre 2017 son troisième roman « La danse des sept voiles ».
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La Grèce et Isabelle Cervellin
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
Je suis une femme, une mère, une rêveuse, une épicurienne. Je suis docteur en Etudes grecques, spécialiste de la littérature médiévale chypriote et de paléographie byzantine, traductrice littéraire (j’ai fait mes études à l’école de traduction de Corfou), maître de conférences en France, enseignante de français ici et là, au gré de mes différentes tranches de vie d’expatriée.
Quelles relations entretenez-vous avec la Grèce ? La trouvez-vous inspirante ?
La Grèce est une partie de moi. C’est ma maison, le pays dans lequel je me sens chez moi comme nulle part ailleurs et ça fait du bien de pouvoir poser ses valises, enfin !
La Grèce a toujours été pour moi la source où reprendre des forces, le havre de paix où puiser de l’inspiration, l’écrin où trouver le repos, le passage obligé pour conserver un équilibre vital. J’ai besoin du ciel bleu et des églises blanchies à la chaux, du fushia des bougainvilliers et des oliviers, de l’odeur des souvlakis quand arrive l’heure de manger, du son du bouzouki quand je passe devant une taverne, des rires qui viennent du cœur, de la poésie des expressions grecques qui ne sont pas traduisibles en français, du kefi !
Y-a-t-il des auteurs grecs que vous appréciez personnellement et dont vous aimeriez nous recommander la lecture ?
Bien sûr ! Sans parler des grands poètes grecs incontournables, mon amour littéraire de jeunesse c’était Dimitrios Vikelas. Puis j’ai adoré l’univers fantastique de Zyranna Zateli que je vous conseille de lire sans modération, j’ai eu mon époque Kazantzaki ensuite j’ai aimé l’humour de Maïra Papathanassopoulou et de lili Zographou. J’ai beaucoup apprécié certains auteurs que j’ai traduits comme Léontios Machairas, Costas Montis ou Andreas Georgiadis. Tout dernièrement, je viens d’avoir un gros coup de cœur pour un auteur incroyable : Dimitris Sotakis que je vous recommande vivement.
La danse des sept voiles par Isabelle Cervellin
Comment vous est venue l’idée de ce roman ?
L’idée a germé dès que j’ai pris conscience que je vivais une expérience un peu exceptionnelle. J’étais en Arabie saoudite et j’avais la chance de côtoyer de très près des femmes et des hommes dont on n’effleure d’habitude que la superficie de l’enveloppe. Ensuite les choses ont fermenté, elles se sont mélangées, tissées ensemble, elles ont voyagé à travers les méandres de mon esprit dérangé et il en est sorti ce roman.
Dans quel contexte l’avez-vous écrit ?
J’ai vécu huit ans à Riyadh. J’y ai travaillé dans des universités, publique d’abord puis privée. J’avais la responsabilité d’un département de français et c’était le moment où le roi avait décidé que les femmes allaient avoir le droit d’étudier et de travailler dans leur pays.
Nous avons été, étudiantes et enseignantes, entraînées ensemble dans un tourbillon incroyable où on pouvait se mettre à rêver d’un peu de libération, d’émancipation et de changement pour les femmes. On était des pionnières et on l’a toutes vécu avec passion. On y a cru, on s’est battues toutes ensemble, côte à côte, et on est allées, ensemble, au bout d’une aventure semée d’embûches…
Par contre, je n’ai pas écrit mon roman en Arabie. Je suis venue à Athènes pour l’écrire.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’intrigue ?
Au terme d’une année passée en France, Hourïa, jeune étudiante saoudienne redécouvre son pays : l’Arabie. Loin de son désert natal, elle a découvert un autre univers dans lequel Paul attend désormais son retour. Elle est prête à tout pour le rejoindre mais réussira-t-elle à repartir ? Il va lui falloir composer avec un frère Muttawa, policier en charge de la répression du vice et de la protection de la vertu; des femmes qui s’acharnent à refermer sur elles les portes de leurs libertés et des marieuses qui veillent sur leur cheptel; une société conçue par des hommes pour des hommes et où la femme n’est qu’une silhouette noire; des traditions qui puisent leurs racines dans le sable que le vent emporte…
Quel message souhaitez-vous faire passer à vos lecteurs ?
Il est des univers qui nous sont tellement lointains ou étrangers qu’on croit les connaître dès qu’on peut leur associer une information aussi quelconque soit-elle. Pour des Saoudiens, la France c’est Zinedine Zidane et Coco Chanel ; pour des Français, l’Arabie c’est un chameau dans le désert et des femmes qui ne peuvent pas conduire ; pour tout le monde, la Grèce c’est la crise. On sait et tout va bien. Mais non, on ne sait rien et tout ne va pas bien !
J’avais juste envie d’entrouvrir un peu la porte pour qu’on puisse regarder à l’intérieur et se poser des questions, individuellement. Quand on commence à s’interroger et qu’on peut se faire une idée personnelle, quand on se met à penser par soi-même, on est moins prompt à avaler tout et n’importe quoi. Je crois qu’il est important de ne pas tomber dans les pièges médiatiques et les consensus politiquement corrects, même s’ils sont confortables. Soyons un peu moins inconscients collectivement, ça vaut le coup.
Où peut-on trouver le roman ?
La danse des sept voiles
est en vente :
- en librairie
- Sur commande à l’adresse suivante : ladansedes7voiles@gmail.com
- Disponible également sur Amazon
Vous vous inspirez souvent de vos lieux de résidence. Le prochain roman évoquera-t-il Athènes ?
C’est vrai, mon premier roman était la traduction romancée d’un manuscrit chypriote, ensuite est venu Moundjou qui clôturait une tranche de vie de six ans en République centrafricaine, La danse des sept voiles a pour cadre l’Arabie saoudite. Il y a de fortes chances que le prochain roman ait quelque chose à voir avec Athènes…
Merci, nous l’attendons avec impatience.
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Entretien de Isabelle Cervellin, réalisé par Sophie B.